Souvenirs de Sidi-bel-Abbes
Georges Huber : Tomas, Le commis de ferme 1/4
Là-haut sur les hauteurs d’Oran se dresse la statue de la Vierge Marie, comme une réplique de celle qu’ils ont laissée derrière eux sur l’autre bord de la Méditerranée, au-dessus de Marseille. Depuis presque un demi-siècle, en faisant cette traversée on quitte les bras de l’une pour ceux de l’autre. Notre dame de Santa Cruz pour les pieds-noirs d’Oranie, c’est leur Bonne Mère à eux, qu’ils soient dévots ou non« Elle a sauvé Oran du choléra ! », Il y a toujours quelqu’un pour raconter le miracle dont les circonstances se brouillent avec les années; Est ce le général commandant la place qui a conseillé à l’église d’organiser une procession « après tout cela ne fera pas de mal d’invoquer la Vierge ! », ou est-ce l’évêque d’Oran qui a eu l’idée de convoquer la Vierge pour arrêter le désespoir. Les avis sont partagés, mais l’histoire de Santa Cruz on la raconte encore. Tournez la page
Noël 1918….« Regardez, on la voit, là-haut sur la colline, c’est Notre Dame de Santa--Cruz ! » Sur le pont supérieur, les soldats se pressent, et se frayent un passage vers le bastingage ; La guerre est finie, ils rentrent au pays et c’est bientôt Noël. Noël chez eux, en Algérie, le plus beau des cadeaux.
Illustration : vue de Santa-Cruz : tableau d'André Hébuterne, lauréat de la villa Abd-el-Tif, frère de Jeanne la dernière compagne de Modigliani